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Urbanisme et Jeux vidéo


Mots clés : SimCity – City Builder – Minecraft – serious games – SIG – participation citoyenne – Marchecraft

 

Les jeux de simulation de construction de ville (City Builder) comme SimCity permettent d’incarner un maire et de construire sa ville.

Ce jeu de référence existe depuis plus de 20 ans et a été décliné en de multiples versions, thématiques et époques (Cities skylines, the Settlers, Anno 1800, AOE …).

Ces jeux  sont une façon de découvrir certaines facettes de l’urbanisme, mais ils ne collent pas à la réalité.

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Captures d’écran de SimCity 3000 – vue générale d’une ville et, zoom sur la barre d‘outils.

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 Captures d’écran de SimCity 4 Deluxe – étape du zonage et, zoom sur la barre d’outils/ options services publics

En 2011, le jeu de construction Minecraft qui allie : exploration, construction de villes et de bâtiments à l’aide d’empilement de blocs ; est venu apporter une nouvelle approche à ce type de jeu. Au de-là du jeu, certains utilisateurs (crafteurs) ont voulu reconstituer des vrais bâtiments, places ou  villes. Des enseignants s’en servent également en mathématique, en géographie et en histoire via la version Minecraft éducation. Certains City Builders sont désormais entrés dans la catégorie des serious games.

Nous souhaitons d’une part partager avec vous un projet actuellement en cours à Marche-en-Famenne d’utilisation du jeu Minecraft par les éducateurs de rue dans une perspective de participation citoyenne d’aménagement d’espaces publics et d’autre part, vous présenter un ouvrage récemment acquis pour notre centre de documentation qui traite justement des apports de ces jeux à l’urbanisme.

 

Projet Marchecraft ou Marche en Minecraft

Nous avons été sollicités par Gaetan HORVATH, éducateur de rue à Marche-en-Famenne pour collaborer à un projet d’utilisation de Minecraft avec des jeunes afin de leur permettre de créaliser et illustrer des projets d’aménagements d’espaces publics. Les jeunes ont des souhaits d’aménagements mais ne savent pas toujours comment les présenter. Il leur est également difficile de comprendre les étapes administratives de gestion et de concrétisation de dossiers et de chantiers.

Nous avons dans un premier temps fournis des contacts de personnes ressources et fait part de projets dont la réalisation d’un jeune Marchois, Aurélien CORNETTE qui a recréé l’église de Marloie située juste à côté de nos bureaux. Ce jeune a répondu présent et pourra épauler les futurs crafteurs.

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Eglise de Marloie réalisée en Minecraft par le jeune Marchois Aurélien CORNETTE.

Dans un second temps, nous avons accompagné Gaetan au Digital Lab à Liège. C’est une structure issue de la collaboration entre l’Université et la Province de Liège. En plus de la recherche sur les jeux vidéo, ce centre propose des formations et des animations. Fin 2021, ils ont lancé le projet de recréer le plus fidèlement possible les places du XX août et Cockerill et, par la suite d’autres lieux iconiques de la Cité ardente.

Ce fût l’occasion de partager cette expérience et de poser des questions concrètes sur le type de serveur et la version du jeu utilisés, le nombre de joueurs pouvant crafter simultanément, l’utilisation de mod (programme complémentaire ajoutant des options/objets spécifiques) ; mais aussi le type de carte et l’échelle utilisées, la répartition du travail entre les participants, …

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Nicolas CASTELAIN du Digital Lab explique à Gaetan HORVATH les cartes utilisées pour le projet Liegecraft.

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Bâtiment central de l’université de Liège place du XX août en vrai et en Minecraft.

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Aquarium de Liège

 

Suite à cette rencontre, Gaëtan a pu établir un phasage de son projet Marchecraft :

Phase 1 : Réaliser le plus vite possible un endroit sur un premier jet (en gros : un brouillon)
Phase 2 : Améliorer l'endroit pour se rapprocher de la réalité.
Phase 3 : (la phase la plus importante du projet) :"Imaginer" ou "retravailler" un projet d'aménagement sur certains espaces publics.
Il est prévu de débuter pleinement le projet lors d’un stage d’octobre mais une opportunité a permis d’anticiper dès juillet 2022. Dans le cadre de stages de gaming organisés par les éducateurs de rue dans les locaux de l’Espace Publique Numérique (EPN) de la ville de Marche, des jeunes ont déjà testé la reconstitution du parc et de la plaine de jeu jouxtant l’hôtel de ville, d’un parc et de la Maison des Jeunes (ancienne gare). Ils sont partis d’une carte du géoportail de la région wallonne WalOnMap et de photos. Ils sont utilisés la version Windows de base du jeu  et non la version java qui elle permet l’ajout de mods.

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Parc communal de Marche et zoom sur le skate parc en Minecraft et skate parc en vrai.   

 

Chaque travail a été réalisé durant une semaine, à raison de 1h30 chaque matinée, sauf le premier jour qui était consacré à une initiation à Minecraft. La prise en main du jeu par les stagiaires s’est révélée être assez simple surtout que le plus part connaissaient déjà le jeu.

L’étape suivante : l’hôtel de ville et les propositions d’aménagement du parc. Le récent plan communal de mobilité prévoit justement de supprimer une bretelle de sortie de la N4 qui traverse ce parc afin de libérer de la place.

Nous avons pu assister à une des séances de crafting. Ce fût l’occasion de revoir plusieurs de nos anciens stagiaires.

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Utilisation de WalOnMap par Gaëtan pour mesurer le bâtiment de la MJ de Marche (ancienne gare).

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Maison des jeunes de Marche (gare) en vrai et en Minecraft.

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Autre exemple de test : le parc des Carmes en face de l’EPN

 

 

 

livre « l’urbanisme, l’architecture et le jeu vidéo – Que fabrique le game design ? »

Revue Géographie et cultures n° 109 – 2019.  CNRS

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Cet ouvrage de 180 pages reprend 5 articles dont 3 nous paressent plus pertinents :

1)      « Le concours villes et territoires de demain avec Minecraft à la carte. » – François Lecordix, Mouna Lekhnati, Sofiane Kriat.

L’Institut Géographique National (IGN) français met à disposition des joueurs de Minecraft des cartes au format spécialement adapté et compatible avec le jeu via un projet intitulé « Minecraft à la carte ». L’IGN a également organisé un concours national de reconstitution de ville. Si le téléchargement de cartes a eu un très grand succès, les conditions du concours en ont limités les candidatures.

 

2)      « Iserecraft : le jeu vidéo comme outil de micro projet urbain et révélateur d’enjeux locaux. » –Jérémy Chauvet.

Les données SIG (Système d’Information Géographique) facilitent la voie vers une représentation du territoire par les jeux vidéo. De plus, la gratuité et l’accessibilité de ces données vont permettre de professionnaliser ce type de représentation territoriale par le jeu vidéo. Le chercheur s’est penché sur l’exemple de participation citoyenne iserecraft, où  c’est le département de l’Isère qui a invité ses habitants à recréer leur territoire sur Minecraft. Il a permis de mettre en évidence que ces ateliers ludiques en équipe peuvent être comparés à des méthodes de projet d’aménagement de l’espace public.

 

3)      « Un ville n’est pas un jeu – approches et enjeux du développement urbain par les jeux vidéo et villes intelligentes. » –Léo Martial 

Les City Builders comme SimCity permettent de comprendre certains principes de gestion d’une ville, comme les impétrants, les besoins, le budget, le plan de secteurs mais, sont très critiqués car ils ne correspondent pas à la réalité. Voici les principaux reproches :

-          La construction des villes est basée sur le réseau routier.

-          On part d’une page blanche alors que nos villes ont une histoire et sont des palimpsestes.

-          Le maire est tout puissant, c’est un modèle de bottom down où les citoyens ne sont que des données comme les autres ressources à gérer.

-          Le zonage entre zones résidentielles, d’activités économiques et d’activités industrielles est trop cloisonné et exclu la mixité des fonctions.

-          On ne représente que des modèles de villes occidentales.

 

D’autre part, les Smarts Cities se développement et sont perçues comme la solution d’avenir en matière de gestion et de planification urbaine. On leurs reprochent de ne pas tenir compte de toutes les couches de la population, de creuser la fracture numérique et de ne pas être adaptées aux plus petites villes et encore moins pour des communes rurales situées en zone blanche.

 

 

-->  Cet ouvrage est disponible sur demande à la MuFA.